Afin de vous faire découvrir un (petit) aperçu des entreprises qui enrichissent notre territoire, et vous donner le goût vous aussi d’aller les visiter, nous sommes allés à leur rencontre !
Manger local apporte aussi une dimension humaine : ce ne sont pas seulement des produits, mais des personnes qui travaillent fort pour vous offrir des produits de qualité, des philosophies à part entière et surtout la notion de partage !
Aujourd’hui, direction la belle région de Brome-Missisquoi pour rencontrer Simon Naud, propriétaire du Vignoble de la Bauge.
Quelle est l’histoire du Vignoble de la Bauge ?
Éleveur avant d’être vigneron, Simon rachète le vignoble que ses parents ont planté en 1996.
À l’époque, la famille avait un élevage de sanglier (d’où le nom du vignoble, La Bauge, qui est le gîte du sanglier).
Le vignoble produit aujourd’hui des vins 100% biologiques, avec une transition vers les vins natures depuis 2016. « L’idée de faire des vins natures est venue graduellement, les défis n’étant pas les mêmes il y a 30 ans » nous explique Simon.
L’histoire de la viticulture étant jeune au Québec, le premier défi était de comprendre ses bases, et comment l’adapter à notre climat.
Les 10 années suivantes ont été consacrées au travail de la qualité des vins, à leur finesse, leur délicatesse, la précision de leurs arômes. « Après 20 ans de vinification, j’avais besoin d’un nouveau défi, et c’est là où on a choisi de se tourner vers la production écologique » précise Simon.
Une philosophie à part entière
La production de vins biologiques et natures s’inscrit au travers de tout un écosystème que le propriétaire a choisi de mettre en place.
Comme la présence des animaux qui sont au cœur du travail de vigneron.
« J’ai fait le choix d’élever des animaux qui prennent un sens dans mon travail de vigneron, donc on a dû exclure certaines variétés, comme les sangliers, pour se concentrer sur d’autres variétés d’animaux, comme les agneaux, les lamas et alpagas, qui sont avec nous dans les champs et les parcelles, et qui ont plus d’attraits pour le travail que l’on fait. »
La volonté de créer un écosystème en incluant le vivant au cœur de leur travail s’inscrit dans une recherche d’équilibre favorable à la vigne, afin que celle-ci soit plus forte et résiliente.
En plus d’une aide considérable pour le désherbage des vignes, le rognage et le nettoyage du pied des plants (pour n’en citer que quelques-uns), la présence des animaux sur les terres permet également de réduire le passage des tracteurs sur les parcelles.
« Si on veut garder le sol vivant, moins compacté, il faut tenter d’avoir le moins de passages possibles de tracteurs sur les parcelles. Donc ça a un impact écologique réel dans notre travail. »
Mais alors, pourquoi ne retrouve-t-on pas plus cette approche dans la plupart des vignobles du Québec si cela a des impacts mesurables et considérables pour notre environnement et les produits que l’on consomme ?
« De mon côté, je suis vigneron mais j’ai aussi toujours été un éleveur, donc c’est naturel pour moi de penser à intégrer des animaux dans une parcelle. La plupart sont des vignerons, donc ce n’est pas naturel pour eux d’élever des animaux. Ce que je souhaite, c’est de démontrer que la structure est potentiellement adaptable à une majorité de vignobles (essentiellement pour les vignes rustiques), de démontrer que ça se passe bien. Ce serait meilleur pour nous tous si d’autres collègues choisissent d’embarquer dans cette aventure. » nous explique Simon.
Comment définir un vin nature ?
Un vin nature avant tout un raisin cultivé dans une production biologique, qui peut aussi être biodynamique (c’est-à-dire qui repose sur l’utilisation des forces de la nature uniquement, sans l’ajout d’intrants externes).
Jusqu’à l’embouteillage, on garde l’intégrité du fruit, ce qui signifie aucun ajout de levures, sucres, sulfites, alcool, etc. La fermentation se fait de manière naturelle grâce aux levures présentes sur la peau du raisin.
Le produit doit rester pur, aucune filtration n’est faite avant l’embouteillage, qui se fait par la gravité, en laissant couler le vin doucement à l’intérieur de la bouteille. Quelques semaines ou mois passeront avant de pouvoir offrir les produits à la clientèle.
Qu’est-ce qui explique le prix des produits du Québec, pouvant parfois être plus élevé ?
Des facteurs climatiques et la jeunesse de l’industrie sont partis intégrantes du prix du produit.
- En fonction de notre climat, qui va être différent en comparaison d’autres pays (comme la France), la saison s’étale de juin à octobre, ce qui demande plus de main d’œuvre sur une période plus courte.
- Les vignerons Québécois sont jeunes, ce qui demande un plus gros investissement au départ, comme les terres ou l’équipement. Il y a encore très peu de transmission qui se fait d’une génération à l’autre.
- Les changements climatiques ont un impact indéniable : avec des périodes de gels plus fréquents au printemps et à l’automne, qui s’intensifient au fil des ans, les vignerons doivent s’adapter à ces changements.
Comment être un bon visiteur ?
En partant à la découverte des vins du Québec, n’essayez pas de retrouver des arômes ou de comparer avec des vins issus d’autres pays. « Les vins du Québec ont leurs propres spécificités : on a notre climat, notre fraîcheur, nos cépages, nos façons de faire. Il faut découvrir comment ils sont, pour comprendre les fruits d’ici, et se faire un palais aux arômes d’ici. » mentionne Simon.
Prenez le temps !
Quoi de plus agaçant que des visiteurs stressés, qui ne prennent pas le temps d’écouter ou d’observer. Rien ne sert de multiplier les visites sur une journée ! Il vaut mieux une visite enrichissante, pleine de découvertes et où l’on aura VRAIMENT décroché, que de cocher 4 cases dans la journée et revenir épuisé !
On a piqué votre curiosité pour en découvrir un peu plus ?
Le Vignoble propose des visites guidées* ainsi que des ateliers de dégustation* pendant toute la saison estivale !
*sur réservation uniquement
Pour en savoir plus : labauge.com