Des aliments d’ici, tissés serrés!

Publié dans Articles Centre-du-Québec , par Par Étienne Gosselin, agronome, communicateur et viticulteur

La chef cuisinière Lysanne O’Bomsawin et la productrice avicole Andréane Benoit ont un faible pour les aliments qui fortifient l’économie de leur région. Pour elles, pas moyen de se mettre autre chose dans le bec que des aliments du Centre-du-Québec! 

  

Le Centre-du-Québec et ses terres agricoles 

Comme 93 % de cette région composée des MRC d’Arthabaska, de Bécancour, de Drummond, de l’Érable et de Nicolet-Yamaska est constituée de terres agricoles, on peut supposer qu’il y a de quoi se sustenter! Cette proportion de terres pour se nourrir est même plus élevée que celles de la Montérégie (86 %) ou de Chaudière-Appalaches (67 %), les deux régions qui produisent pourtant le plus d’aliments en termes de valeur monétaire. Au Centre-du-Québec, 18 700 emplois sont liés au secteur bioalimentaire, pour 14 % des emplois et 13 % du PIB de la région! 

  

Mets métissés serrés québécois-abénakis 

Ce genre de statistiques participe à embaumer la cuisine de Lysanne O’Bomsawin, qui mitonne à Odanak et chez elle à Bécancour. Cette chef à domicile qui opère le Traiteur Québénakis tente de restreindre au maximum son rayon d’achat pour préparer ses mets métissés serrés québécois-abénakis. Lysanne aime mettre la main sur de la fraicheur et des saveurs du terroir qui font la spécificité de sa cuisine traditionnelle. Avec plus de 25 000 produits authentifiés du logo « Aliments du Québec » par l’organisme du même nom, le choix est vaste! 

  

Approvisionnement local stratégique 

Ses stratégies d’approvisionnement sont multiples et varient selon le moment de l’année. En saison, elle fréquente le Marché Godefroy et les kiosques à la ferme. Elle n’hésite pas à appeler les producteurs, des boucheries ou des poissonneries directement, qui deviennent des partenaires de son succès gastronomique. Autrement les épiceries et même certains supermarchés fournissent des efforts notables pour augmenter l’offre de produits d’ici. En moyenne, 60 % de ce que consomment les ménages québécois provient du Québec, avec de grandes disparités. L’autonomie alimentaire du Québec est effet très variable – c’est 1300 % pour les produits d’érable, 399 % pour le porc, 97 % pour la pomme de terre, mais 32 % pour le miel et 12 % pour les produits céréaliers. 

Pour d’autres produits plus nichés – riz sauvage, cœurs de quenouille, moutarde de salicorne, maïs lessivé, champignons forestiers –, Lysanne fréquente des groupes de cueilleurs sur Facebook qui peuvent la diriger vers des points de vente ou lui expédier des produits par la poste ou par autobus. Hors-saison, oui, les grossistes alimentaires sont incontournables, mais n’oublions pas que des entreprises agricoles commercialisent des produits séchés (canneberges) ou surgelés (fraises) qui permettent des saveurs centricoises à l’année. 

« Ça demande une certaine gymnastique et un peu plus de temps, mais ça vaut la peine », assure la chef. Les produits qu’elle obtient de manière directe sont plus frais, plus goûteux, car mûris à point et se conservent plus longtemps. Mais plus important encore, « l’achat local tisse des liens de confiance et stimule le sentiment d’appartenance à ma région », expose l’Abénakise. Ce sont même parfois ses fournisseurs qui la contactent pour lui offrir des nouveautés! 

  

La Tablée du village : un événement zéro déchet 

Sur le chemin de l’autonomie alimentaire, plus de 10 % des fermes tiennent des kiosques de bord de route et des activités d’autocueillette et une ferme sur cinq vend directement aux consommateurs. Mais pour mettre en valeur la contribution de nombreuses entreprises agricoles qui n’ont pas toujours pignon sur rue, Andréane Benoit, de la Ferme avicole A. Benoit à Sainte-Brigitte-des-Saults, a instauré une formule sans équivalent au Québec : la Tablée du village. 

Initialement tenue en février pour souligner le Jour de l’agriculture canadienne, la Tablée s’est mutée en événement zéro déchet dont la troisième édition estivale, en août 2022, a rassemblé 420 convives dans un village de 784 habitants, cela le long d’une table interminable, car Andréane insiste : elle veut asseoir ensemble producteurs et consommateurs de son patelin, promouvoir le bon manger insoupçonné qui foisonne – patates, poireaux, porc, lait, poulet, croustilles, fromages… 

« Je suis native de mon village, alors je pensais que je connaissais tous les produits d’ici, mais pas tant que ça, alors j’imagine pour des gens qui ne sont pas du milieu agricole », s’étonne l’éleveuse de volailles qui tire fierté de stimuler l’économie régionale par la production d’aliments. 

  

Mieux connaître les familles de producteurs, c’est mieux apprécier leurs produits et leur savoir-faire, poursuit la pétillante trentenaire. Ça goûte juste meilleur quand on connaît leurs histoires! 

 

 

Pour accéder à la capsule vidéo Former une communauté tissée serrée! : https://goutezy.com/des-aliments-dici-tisses-serres/